1924 LA NAISSANCE DE L’ARCHITECTURE INTÉRIEURE L’AVÈNEMENT DU CRÉATEUR DE L’ENVIRONNEMENT MODERNE
C’est en 1924, sous la plume de Léon Moussinac (1890-1964), futur directeur de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris à partir de 1950, qu’apparaît la première occurrence de ce qu’il qualifie d’« architecture intérieure ». À ce moment là, il est journaliste, historien et critique d’art, de théâtre et de cinéma, mais aussi secrétaire général de la Librairie centrale des arts décoratifs.


Pierre Chareau (1883-1950), René Herbst (1891-1982), Jacques-Émile Rulhmann (1879-1933) ou encore Louis Süe (1875-1968) et André Mare (1885-1932) s’inscrivent dans cette nouvelle exigence aux côtés de Francis Jourdain. Ils sont les pionniers de « l’architecture intérieure »[3]. Léon Moussinac vient de les baptiser ainsi puisqu’ils prennent « le parti »[4] d’être « plus préoccupés de construire que de décorer, d’aboutir à une logique qui ramène à elle, d’abord, les principes de durée, d’hygiène, de besoins pratiques, pour réussir à contre coup à satisfaire, moins par le détail que par l’harmonie d’ensemble — accord de lignes, de plans, de couleurs — notre sensibilité impérieuse. Affirmant donc de nouveau que la fonction ou l’usage déterminent la création, départ élémentaire, on comprend que l’art n’est atteint que dès l’instant où le meuble dépasse son rôle purement fonctionnel et pratique pour participer au rythme vivant, on pourrait dire à l’émotion, de l’ensemble ». Avec l’architecte et décorateur de cinéma Robert Mallet-Stevens (1886-1945), Léon Moussinac et les promoteurs de l’architecture intérieure vont imposer de nouvelles réalisations où dominent clarté et logique. Cet élan va mener au schisme qui va se produire à l’intérieur de la Société des Artistes Décorateurs au moment de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels de 1925 à Paris. Il aboutira à la création en 1929 par Robert Mallet-Stevens, Francis Jourdain, Hélène Henry (1891-1965) et René Herbst de l’Union des Artistes Modernes (UAM). Ils sont rejoints en 1930 par Pierre Chareau, Louis Sognot (1892-1970), Charlotte Alix (1892-1987), Jean Burkhalter ( 1895-1982) et Jean Prouvé (1901-1984) notamment.
Rose-Marie Stolberg
Rose-Marie Stolberg est directrice pédagogique de l’ESAT. Elle est aussi historienne de l’art. Spécialiste des XIXe et XXe siècles, elle mène notamment des travaux de recherche sur les rapports entre arts et techniques, sur le rôle et la place de l’artiste dans la société, et sur l’art en France dans les années 1920.
[1] Léon Moussinac, Francis Jourdain, Pierre Cailler Éditeur, Genève, 1955, p. 28.
[2] Francis Jourdain, « Le rationalisme en art », Les Cahiers Rationalistes, n°57, mars 1937, p. 63.
[3] Intérieurs I, 58 planches publiées sous la direction de Léon Moussinac, Collection documentaire d’art moderne, Éditeur Albert Lévy, Paris,1924.